cahier de pensées éparses
Donc je commence le défi, ça fait des années que je vois d’autres artistes y participer et j’ai envie de me sentir « dans la cour des grands », de faire partie d’une communauté d’artistes visuel et participer à ce projet quasi mondial.
Pour me rendre compte après 5 jours qu’il y a une polémique entourant l’instigateur du projet et que des appels au boycott ont été lancé. Je ne me lancerai pas dans l’explication de la polémique, je trouve que ce post sur Reddit le fait très bien (désolée pour la référence en anglais) : https://www.reddit.com/r/HobbyDrama/comments/iih7sm/art_community_inktober_2020_the_annual_ink/ J’ai donc pris un moment pour réfléchir à ma position et décider si j’allais continuer ou pas de faire le défi. Mon premier constat : le plagiat c’est laid et ça m’écœure et je fais beaucoup de sensibilisation sur cette thématique avec mes potentiels client. Donc d’emblée, j’ai eu envie de me dissocier complètement de cela. Deuxième constat : c’est l’instigateur du mouvement, non le mouvement lui-même qui est en tort. La nuance est importante à mes yeux. Troisième constat : les alternatives ne sont principalement que des listes de mots d’inspiration et j’ai déjà décidé que ce n’était pas ce qui m’intéressait. Et pour faire l’avocat du diable, c’est une forme de copie… J’ai donc décidé de maintenir ma participation au défi en mettant le mot-clic #inktober2020 et en n’utilisant pas celui de Inktober seul. Aussi, je n’ai pas et n’achèterai pas de produits en lien avec l’événement, ne donnant pas d’argent à l’instigateur lui-même et je vous encourage à faire de même. Maintenant que le mois se termine, je n’ai pas réussi à mettre en ligne une image par jour. Je me suis rendue à un peu plus de la moitié. J’ai manqué de temps pour pratiquer parce que d’autre projets plus pressants ont pris préséance. Je suis contente d’avoir essayé, je me suis améliorée et j’ai réussi à faire quelques aquarelles dont je suis fière. C’est une demie réussite et je suis contente d’avoir persévéré pour le temps que j’ai eu.
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10 ans plus tard, je fais un bon salaire, avec de bonnes conditions, dans un emploi que j'aime, mais qui n'est pas de la joaillerie et loin de la créativité. Oui, mes dettes d'études ont fondues (mais pas complètement), d'autres se sont ajoutées (maison, auto) et je mets des sous de côté. Mais périodiquement je me retrouve près du burn out. Malheureuse car je n'arrive pas à remplir mes engagements en joaillerie et surtout parce que je suis en train de perdre le goût de créer et d'innover.
C'est le constat que j'ai fait il y a quelques mois, vous l'avez peut-être lu dans un billet que j'ai publié à ce moment (10 ans). J'ai décidé à ce moment de me lancer le défi 365 (objet de plusieurs billet depuis) pour essayer de renouer avec la création et ça a atteint l'objectif. Mais ça ne réglait pas mon problème de temps... Parce que créer, ça demande du temps. Je vous mets un lien pour un petit vidéo à ce sujet qui est simple et que j'aime beaucoup pour illustrer ce concept : Creativity requires TIME (en anglais seulement, désolée). J'ai donc pris une grosse décision : celle de quitter mon emploi à 40hrs par semaine qui avait tant d'avantages et avec ce bon salaire... Ce ne fut pas une décision facile et ce ne fut pas sur un coup de tête. Bien sur, j'ai pris le temps de me trouver un autre emploi à 32hrs par semaine, 4 jours. Cela faisait longtemps que je le cherchais, cet emploi mythique. Un ange m'est venu en aide et j'ai fait le saut. L'un dans l'autre, au niveau monétaire, la différence n'est pas très grande (merci aux braquettes d'impôt et autres déductions optionnelles), mais j'ai perdu mon fond de pension et une partie de mes assurances. Parfois, je me demande si j'ai hypothéqué mon avenir, ma retraite avec ce choix... Mais ça, je ne le saurai que dans 25-30 ans. Bien des choses peuvent se passer d'ici-là, je m'empêche donc d'angoisser pour cela. En attendant, chaque semaines, je me félicite de ce choix. À long terme, je serai probablement moins riche, mais certainement pas plus pauvre ! Parce que la qualité de vie ça vaut de l'or. Cela fait 3 mois que j'ai fait le changement et je suis moins épuisée, pas beaucoup moins stressée, mais les choses se tassent tranquillement. Je suis en train de rattraper tout cet insurmontable retard qui grugeait mon énergie et me tirait dans toutes les directions. Et surtout, je me suis fait le cadeau de commencer à travailler sur ce projet qui est dans mes cartons depuis 10 ans : mon jeu d'échec pirate ! Sans pression de vente ou rentabilité et sans pression de temps. Le bonheur quoi. Cette semaine, j'ai passé le cap des 150 jours dans mon défi 365. Dire que je voulais écrire ce billet pour souligner le 100e, le temps file tellement vite ! Donc Défi 365 jours, 365 photos qui reflètent un élément de créativité. Je me suis donné un cadre large : n'importe quoi touchant ma créativité : un dessin, un projet en cours, une texture, un élément de beauté... J'avais besoin de cette marge de manoeuvre pour ces journées du quotidien trop pleine de tout, mais si pauvre en éléments créatifs. Je suis contente de l'avoir fait. Sinon le poids de ce défi aurait été trop lourd et aurait été à l'encontre de ce que j'essaie de faire. Un peu plus de 150 jours - 5 mois - et presque la moitié de fait, un peu plus de 150 photos et un peu de retard, encore. Mais le but est atteint. Je renoue avec ma fibre créatrice, avec mes projets. Dans mon dernier billet, j'effleurais un changement. Il est maintenant bien enclenché et fera l'objet d'un billet bien à lui pour en détailler les ramifications et enjeux. Pour l'instant, je n'en dirai que la surface, j'ai changé de travail et cela me libère du temps. Ce qui fait un bien fou pour ma créativité et, par conséquent, ce défi. Le temps, cette ressource si précieuse, est un luxe que je me suis choisi et je ne regrette pas. Comme mes derniers billets, voici mes 10 photos coup de coeur, jours 76 à 150. Le choix fut difficile !
75 photos et autant de jours (ou un peu plus…) pour mon défi 365. Donc plus que 290 jours/images avant la fin. Presque le quart de fait ! Presque 3 mois après le début de ce défi, je prends une nouvelle pause pour faire le point et voir les résultats… Je suis en pleine campagne Kickstarter ce qui me facilite les choses passablement pour ce défi puisque je fais une mise à jour quotidienne pour la campagne. Ceux qui me suivent ont donc droit à un regard privilégié sur mes aventures de « briser » Kickstarter. C’est énormément de travail, mais je m’amuse aussi beaucoup à faire le résumé de mes péripéties avec les pirates ! Certains diront que cela cadre moins bien avec mon défi, mais avec les critères que je me suis donnés : mettre en ligne quelque chose de créatif, ça cadre encore très bien. En fait, c’est revenir à mes premières amours : l’écriture. Et ça fait un bien fou ! Ce n’est pas la Guerre et la Paix… mais c’est ludique et imaginatif. Donc premier constat : j’ai quelques jours de retard. Que je me permets de rattraper avec le temps. L’objectif demeure 365 jours et 365 photos avec la date du 14 juin comme objectif un peu de retard ne me fera pas abandonner. Ça se rattrape bien et c’est encore réaliste. Deuxième constat : l’objectif secondaire est aussi majoritairement atteint. Ce défi était une façon de m’obliger à recommencer à dessiner et à recommencer à créer. Je suis encore peu dans l’atelier, mais j’ai recommencé à dessiner. Ça fait du bien. Troisième constat : la conciliation travail/création reste un défi, mais avec le changement de ce mois-ci, j’ai bon espoir que ce soit moins pénible pour le reste du défi. À suivre donc ! Voici donc mes 10 coups de cœur des jours 31-75 :
On en est au jour 30 de mon défi 365 (pour savoir en savoir plus sur mon défi 365, voir article précédent intitulé 10 ans). Je prends donc un moment pour vous faire part de mes pensées sur l’expérience jusqu’ici. Donc 30 jours et vingt-neuf images. Elles ne passeront pas toutes à la postérité, mais de mon point de vue, elles ont toutes leur utilité. Ne serait-ce que celle de m’arrêter le temps de voir ce qui dans ma journée, dans ma vie, est un élément de créativité. Pour quelqu’un qui, comme moi, court sans cesse après le temps et pour qui la vie déboule à une vitesse étourdissante, ce moment pris dans la journée est comme reprendre mon souffle, comme un nageur avant un plongeon dans les profondeurs tumultueuses de ma vie. Ainsi, du côté des bénéfices, je prends un moment quotidiennement pour me recentrer et je fais un effort pour m’assoir et dessiner régulièrement. Je sors mon crayon plus souvent et même si, quelque fois, je ne fais que gribouiller, ça me dérouille. Ça me libère. Côté obscur, c’est une charge de plus au quotidien. La première semaine a été super : j’étais en vacances et j’ai peint plusieurs heures par jour. Ce qui nourrissait ma créativité et me donnait amplement matière à mon défi. De retour au travail, c’est moins facile… Moins de temps, d’énergie et de créativité, moins de matière. Plus d’improvisation… J’ai choisi ce défi en sachant qu’il y aurait des efforts à mettre et des moments plus durs. Je signe et persiste, plus que 335 jours/ images… Une à la fois. En étant indulgente envers moi-même. J’y arriverai. Je termine en choisissant 8 images (environ 2 par semaines) qui sont mes préférées et en vous disant pourquoi :
Je fête, ce mois-ci, mes 10 ans de joaillière professionnelle. 10 ans déjà que je suis sortie de du Cégep Limoilou et de l'École de joaillerie de Québec, diplôme en poche et des rêves plein la tête.
Un rêve en particulier : celui de vivre de mon art. 10 ans plus tard, qu'en est-il de ces rêves ? J'aurais aimé pouvoir écrire que j'ai réussi : que je suis une joaillière reconnue et que mon art me rapporte le magot... Mais la réalité est toute autre. Oui, j'ai mis à profit cette décennie pour étoffer mes collections. Oui, je vends maintenant presque partout dans le monde grâce à internet. Oui, mon talent et mon style se sont affirmés et j'ai une solide expérience me permettant de gérer mon entreprise et la faire croître patiemment année après année. Ce sont des réalisations et des réussites dont je suis fière. Mais l'épiphanie n'est jamais arrivée. Je n'ai jamais trouvé cette innovation qui allait me projeter sur la scène professionnelle et être mon tremplin vers vivre de faire ce que j'aime plus que tout. Il faut me rendre à l'évidence, ma vie n'est pas un film hollywoodien avec un bel épilogue de success story. Ces 10 dernières années ont été passées à jongler avec mes passions, mon temps, mes contrats, mes factures, mes rêves et mes obligations. J'ai choisi le chemin sûr, le long, qui m'a amené à travailler 40hrs/semaine dans un bureau. À un emploi que j'aime, mais qui est loin d'être artistique. Qui m'a permis d'acheter une maison, un nid où installer mes amours, mon art. Peut-être fonder une famille. Et c'est quand même une belle réussite. Je suis loin d'avoir échoué ! Mais la sécurité a un prix. J'ai passé tellement de temps à y travailler que j'ai l'impression d'avoir perdu de vue la création et surtout le plaisir que j'y prenais. C'est pourquoi, pour célébrer mes 10 ans de carrière et pour contrer cet effilochement de ma fibre créatrice , je me lance ici ce défi : pour un an, 356 jours, à compter de samedi le 15 juin, je mettrai en ligne - sur mon Instagram et ma page Facebook professionnelle (les liens sont en bas de page si vous êtes curieux) - quelque chose ayant trait à ma créativité : un dessin, une peinture (ma nouvelle lubie), un bijou - fini ou en construction, une photo prise dans la journée de quelque chose qui a attiré mon oeil, bref un petit morceau de moi. Pour qu'au quotidien, je retrouve cet élan créatif et que je recommence à prendre le temps d'avoir cet émerveillement devant le beau dans le monde et dans ce que je sais faire comme artisane et artiste. Vais-je réussir ? C'est tout un défi ! Je m'accorde dores et déjà le droit à la transgression. Voyons où m'emmèneront ces 365 jours. J'espère que vous m'accompagnerez dans ce voyage et que vous prendrez plaisir à découvrir ce chemin avec moi. Cap vers l'aventure ! Aujourd’hui, j’ai envie de parler d’argent… L’argent, ça me pue au nez, je ne suis pas à l’aise d’en demander et je hais négocier. Mais comme nous tous, j’ai mon hypothèque à payer, l’électricité, l’épicerie, l’auto, les assurances, les gâteries, les soupers en amoureux ou entre amis, le linge, le déneigement, l’internet… Toutes ces choses nécessaires (ou pas) qui constituent la base de notre mode de vie occidental. Je n’ai jamais fait mes choix de vie en fonction de faire « la motte », j’ai toujours choisi en fonction de mes intérêts, de mes passions et de mes valeurs. J’ai essayé plusieurs chemins avec plus ou moins de succès. J’ai un parcourt atypique et tellement fôrrrmidable. Et je suis une ARRRtttisssste (à dire avec un faux accent français en se prenant très au sérieux)… En fait, je suis une artisane. Une fille passionnée qui aime son métier et qui est fière de produire, de ses mains, de la beauté pour ce monde quelque fois gris. Mais qui est encrée les 2 pieds dans la réalité, dans la matière et pour qui le costume de l’emploi c’est un tablier de cuir et des marques de suie (ou de pâte à polir) dans le front. Bien loin du glamour qu’on peut imaginé en voyant le résultat tout poli et brillant de mille feux. Où est l’argent dans tout cela ? J’y viens. Donc je suis artisane. J’aime ce que je fais, sincèrement et sans aucune retenue (avec des fois un mélange amour-haine, mais toutes les passions ont le dont de susciter les extrêmes). Mais pour pouvoir créer, me consacrer à mon art, il faut que je le vende. Que je marchande ma passion… Je le fait plusieurs fois par année, je sors avec tous mes bébés, patiemment mis au monde et préparés, tout brillants, tous polis, pour leur sortie dans le grand monde. Moment où ils seront adoptés par des étrangers de passage, en échange de dollars. Des étrangers qui, je l’espère, les chérirons avec le même soin que celui que j’ai eu à les créer. C’est aussi le moment où je partage ma passion, où je lève le voile sur mon travail. Les gens aiment savoir comment c’est fait. Ils aiment moins savoir à quel point c’est dur. C’est moins Glamour… Comment c’est difficile de travailler son 40h semaine au bureau – pour le pain et le beurre – et le soir rencontrer ses clients, le matin faire la promotion sur internet et entretenir la boutique en ligne et la fin de semaine consacrer une journée, ou une demi-journée faut de mieux, à la production. Comment c’est exigeant de se lever à 4h du matin pour travailler 2-3hr avant de partir travailler parce que la fin de semaine a pas été assez longue et que le bijou est attendu pour ce soir. « T’as qu’à mieux gérer ton temps » dirons plusieurs… Le temps. Le temps ! On y reviendra. C’est le fun de se faire dire qu’on travaille bien, que c’est beau, mais quand c’est la 20e fois dans la même heure et que je n’ai pas fait une vente dans les dernières 4… Et qu’on me dit avec un petit sourire « Continu ton beau travail »… J’ai envie de hurler, si c’est beau… POURQUOI T'ACHÈTES PAS ? Si tu veux que je continue, il faut m'en donner les moyens ! Les encouragements c’est bien, mais ça ne paie pas le loyer. Ni les matériaux pour continuer mon « beau travail ». Je sais que je fais un travail de qualité : j’utilise des matériaux de qualité et j’y mets tout mon cœur et toute mon expérience. Mais je dois défendre mes prix et me battre pour que le grand public reconnaisse ce que ça vaut. Il est tellement décourageant de voir des grandes vedettes vendre des produits de moindre qualité à des prix de loin supérieur et de voir les gens en redemander… Beaucoup de gens bien intentionnés me demande fais-tu tel gros salons, as-tu une boutique ? Vends-tu sur tel site ?« Tu devrais mettre en consigne » ou « Tu devrait faire tel produit, ça se vendrait », « As-tu pensé à tel truc ou tel autre truc… C’est simple, y’à qu’à… ». Je prends alors une grande respiration intérieure et je m’empêche de leur dire : « Ça fait 10 ans que je fais des bijoux dont 5 durant lesquelles j’ai lu, j’ai cherché des modèles et j’ai passé - je passe encore - absolument toutes mes moment de réflexion libres (au volant – en dérivant vers le sommeil – au toilette – en faisant la vaisselle… tous ces endroits incongrus où l’esprit vagabonde) à trouver un moyen pour que ça marche, pour rejoindre ma clientèle, la développer, la fidéliser… Le principal problème est que j’ai foutrement juste 24h par jour et 7 jours par semaine et que peu importe ce que je fais, j’ai besoin de mes 8hr de sommeil… Le temps est ce truc qui s’achète pas vraiment (pas quand t’est une Arrrttiisssss cassée) et qui fuit sans qu’on puisse le rattraper. Parce que tous ces as-tu pensé ou c’est simple tu n’as qu’à… ils prennent du temps et si y’a quelque chose que j’ai moins que de l’argent, c’est du temps ! Mais à la place, je souris et je leur dit pourquoi leur idée est bonne et pourquoi elle ne marche pas dans la situation. Parce que je sais qu’ils sont plein de bonnes intentions et qu’ils aimeraient me trouver une solution miracle, mais qu’il y a plein de facteurs qu’ils ne prennent pas en compte parce qu’ils ne sont pas dans mes souliers et qu’ils ne peuvent concevoir le temps que toutes ces bonnes idées prennent et toute les ressources que ça mobilise. Même moi, j’ai encore de la misère à me figurer tout cela ! Et, plus souvent qu’autrement... je m’aperçois que ça prends plus de temps que prévu ! Quelques exemples : 4 hr le samedi après-midi, c’est suffisant pour monter un dossier pour une subvention (Yé des sous gratiss !). Non, 2 jours de travail étalés sur une semaine (ou plus) parce qu’il faut attendre des réponses pour des pièces justificatives à fournir… Monter un dossier pour des bagues de finissants, j’ai le temps de faire ça en fin de semaine... Non, ça m’a pris 4 jours de travail étalés sur 2 semaines pour la recherche artistique, les esquisses, les propres des esquisses, demander des précisions au responsable, écrire le dossier, trouver les prix des matériaux, envisager toutes les possibilités et estimer le prix final – un prix juste pour les étudiants, mais qui couvre toutes les dépenses. Aller porter des bijoux pour une exposition clé en main - Cool – je fais juste les préparer et je ne m’occupe pas du montage ni de la vente, 1hr et c’est fini ! C’est plutôt 6hrs de travail pour nettoyer, emballer et étiqueter clairement chacun des bijoux et faire l’inventaire avec liste de prix et description des matériaux ainsi que les modalités – par exemple la bague peut-elle être agrandie si oui de combien, etc. Afin qu’une personne ne connaissant rien de mon travail puisse informer les clients. Plus aller les porter et parler avec la personne responsable, soit une autre heure. Un site internet… j’ai finalement osé m’y attaquer…. Une partie de ma semaine de vacances y a passé, et encore, la version anglaise n’est pas en ligne et il me manque une ribambelle de petites descriptions… Sans compter l’entretien et les suivis… Une boutique en ligne… j’ai même pas essayé d’estimer un temps : 3 semaines à temps presque plein de préparations pour la rédaction : présentation de l’entreprise, ses inspirations et valeurs, les politiques, les balises. Prendre les photos et mettre en lignes les premiers items et ouvrir la boutique. Ensuite, 3 mois à raison de quelques heures par semaines pour prendre les photos des autres modèles et les mettre graduellement en ligne. Depuis, environ 15 minutes chaque jour pour l’entretien, plus les suivis avec les clients et l’ajout de nouveauté. Donc entre 2 et 3 hrs par semaine. Plus la préparation de coli et la poste lors des ventes (c’est le but de la chose, mais ça prend aussi du temps) Donc si on compte dans une semaine normale de 7 jours (168hrs) :
Ou voir cette amie que je n’ai pas vue depuis des mois, coller mon amoureux, aller magasiner parce que j’ai besoin de terre pour mon jardin – faire mon jardin ! Et touts ces autres trucs qui font que la vie vaut la peine. Donc quand on me dit : « Pourrais-tu faire cela… à temps perdu ». Une des neurones responsable de ma gestion du temps éclate et je manque m’étouffer d’un rire maniaque et à moitié fou… Quel temps perdu ???? ! Et l’argent dans tout cela ? L’argent, c’est le nerf de la guerre. Tous s’entendent pour le dire. Parce que, le temps, dans une certaine mesure…. s’achète ! J’ai réalisé, il y a quelques années que oui, je suis artisane, oui, je suis capable de faire beaucoup de trucs. Et que oui, il y a matière à économiser en faisant une large part de chose moi-même. MAIS, ce temps que je passe à pelleter ma cours l’hiver (non je ne le fais pas… je hais pelleter surtout à 6h30 le matin… et j’ai pas le temps ! C’est toute la nature du point que j’apporte), c’est du temps que je ne passe pas à m’occuper de mes clients ou faire ma promotion sur internet. Et donc en payant pour ces trucs, je me dégage du temps pour faire ce que je suis bonne à faire et, souvent, en comparant le salaire que je devrais me payer et ce que ça me coute de payer quelqu’un… Je suis gagnante (2 minutes avec le tracteur du déneigeur ou 30 minutes armée de ma pelle ça vaut la poigné de 100$ par année !). Donc payer un juste prix pour mon travail, me permet non seulement de payer mes comptes et vivre, mais aussi de consacrer plus de temps à mes bijoux et au suivi des demandes. De parfaire mes connaissances et mes habilités dans ce qui est vraiment mon art et non à faire des économies en faisant moi-même des trucs que je pourrais payer quelqu’un d’autre pour faire. Et ça aide à faire vivre ce quelqu’un d’autre qui à son tour fera vivre quelqu’un d’autre, c’est une roue qui tourne. Chaque dollar investi localement amène des retombées locales. Ceci dit, nous avons tous un budget à respecter et des choix à faire. Et je comprends très bien que je fais du produit non-essentiel. Du luxe. Mais – comme le répète plusieurs – payer, c’est voter. À chaque fois que vous achetez quelque chose, vous supporter la compagnie qui le fabrique/vend et toutes les valeurs sur lesquelles elle repose. Donc la prochaine fois que vous avez le choix entre vous acheter ces 3 morceaux de linges fabriqués en Chine dans des conditions qui ne respecte ni les droits ni la dignité ou un morceau d’une couturière d’ici… Réfléchissez plus loin que le prix ou la quantité. Il est certain qu’il est plus difficile, au quotidien, de toujours faire ces choix – je ne réussi pas toujours moi non plus. Mais un choix à la fois, ça fait une différence. Et de grâce, ne négociez pas à la baisse le travail d’un artisan. Oui, vous consentir ce 15-20$ de rabais ne l’empêchera probablement pas de manger le soir, mais cela amoindrit sa capacité à renouveler son équipement, à acheter du matériel pour sa création, à faire de la recherche. À chaque fois que vous négociez un artisan, c’est son pouvoir de grandir, de réinvestir et de se libérer que vous lui enlevez. Ceci dit, certain exagèrent… Placez votre vote ailleurs ! Mais avant, prenez un temps de réflexion pour vous demander si réellement c’est de l’exagération ou si c’est votre perception à cause de ce souhait de payer le moins cher possible… Combien de fois ai-je entendu lorsque je soulève le point de la rémunération : « Au moins tu fais quelque chose que t’aime… ». D’où vient l’idée si largement répandu que faire ce que l’on aime compense pour les heures supplémentaires non payée ? Pour les fins de mois difficiles ? Les conditions précaires ? L’isolement ? La fatigue ? Le surmenage ? La conciliation travail-famille-passion ? Ça console, mais ça ne compense pas ! Oui, je fais quelque chose que j’aime... Plus un gros paquet de trucs que j’aime moins… La comptabilité ou le marketing par exemple. Ce n’est pas parce que je fais ce que j’aime et que je travaille dans un domaine créatif que ça justifie que j’aie de la difficulté à avoir un salaire décent. Il y a plein de gens qui font ce qu’ils aiment et gagnent un salaire décent. Y’en a même qui font ce qu’ils aiment et font un salaire indécent ! Autre préconception que je souhaite pointer… Et là, tous les travailleurs à la maison vont se reconnaître : ce n’est pas parce que je reste à la maison que je ne travaille pas et que c’est justifié devenir me déranger juste pour jaser sous prétexte que je suis là… Cela m’a pris des années avant de dire (et de penser) « Demain, dimanche, je travaille toute la journée », les gens au début me demandais s’il y avait quelque chose de spécial au bureau pour que je rentre la fin de semaine et je devais expliquer que je ce n’est pas au bureau, je suis en production et qu’il y a beaucoup de pièces qui m’attendent sur le dessus de mon établi et que toute ma journée (et la fin de semaine prochaine aussi et l’autre d’après, très probablement) y passera. C’est pas parce que c’est ma passion et que j’ai aucun boss pour me regarder puncher que ce n’est pas un travail… Avec le temps, mes amis en sont venus à l’accepter et à le comprendre assez bien. Mais j’ai dû répéter souvent et justifier souvent pourquoi je consacrais autant de temps et d’énergie à cela alors que les gens me disaient : tu t’en mets trop sur les épaules… tu n’es pas obligé d’en faire autant… tu devrais te reposer à la place… Je suis d’accord, j’aimerais beaucoup… On revient à l’argent… Je veux vivre de mon art, pour pouvoir m’y consacrer, pour donner forme à tous ce qui se trouve juste là, à la limite de mon imagination. Pour cela, il faut se faire connaître, il faut vendre, il faut offrir un bon service, il faut rencontrer des gens, rechercher des nouveautés, faire de la paperasse… Et bien plus. Et personne ne le fera à ma place. Parce que si je n’ai pas un peu de pression, je procrastine (comme la majorité des humains) et que je serai seule avec mes déceptions si je ne fais pas tout en mon pouvoir pour ne pas me réveiller à l’aube de la retraite avec une entreprise encore en démarrage… Parce que je me suis reposée et que j’ai été occupée à gagner ma vie pour payer ma retraite…. Voilà, maintenant que j’ai bien ventilé, peut-être choqué certains, il me reste à conclure. Je suis artisane, je pourrais être peintre, entrepreneure, couturière, pâtissière et bien d’autre. Ma situation est loin d’être exceptionnelle. Voilà un bout de notre réalité. |
L'AuteurVoici un cahier de pensées éparses sur ma vie d'artisanne, ses divers enjeux et récompenses. Archives
Octobre 2020
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